Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 7 mars 2025
Égalité femmes-hommes

Les régions visent « l'égalité réelle »  entre les femmes et les hommes parmi leurs effectifs

Une étude inédite réalisée par Régions de France montre la persistance d'inégalités professionnelles femmes-hommes, notamment en matière de responsabilités, de rémunérations et d'accès aux formations. Mais l'association souligne également les progrès accomplis ces dernières années.

Par Emmanuelle Quémard

Au moment où l’Insee publiait une étude sur les écarts de salaire entre les femmes et les hommes - étude montrant notamment que le gap des inégalités salariales entre les sexes s’était réduit d’un tiers entre 1995 et 2023 - l’association Régions de France a dévoilé le 4 mars sa propre enquête consacrée à l’égalité professionnelle au sein des conseils régionaux. Une enquête réalisée par l’institut Eurogroup consulting à partir des rapports d’égalité professionnelle établis par chaque région, des index égalité professionnelle initiés par le ministère du Travail et de différentes données compilées par les directions des ressources humaines des 18 administrations régionales. En s’appuyant sur cette masse d’informations statistiques, Régions de France a pu dresser une cartographie inédite des places occupées par les agents et les agentes au sein des effectifs régionaux (plus de 97 000 personnes au total).

Premier constat : alors que dans l’ensemble de la fonction publique territoriale, 61 % des emplois sont occupés par des femmes, ces dernières représentent 60 % de l’emploi public régional, contre 40 % pour les hommes. Un étiage beaucoup plus réduit si l’on considère les emplois de collaborateurs de cabinet, un contingent où les femmes demeurent minoritaires, mais où l’égalité semble à portée de main (49 % contre 51 % pour les hommes). 

Des inégalités persistantes dans certains emplois et dans l’accès aux formations

Parmi les « points faibles »  mis en évidence par l’étude : l’important décalage qui persiste entre la place des femmes et celles des hommes sur certains emplois fonctionnels. C’est notamment le cas des agents en charge des lycées. Alors que les femmes représentent globalement 59% des effectifs affectés au fonctionnement des établissements scolaires du second degré, elles ne sont que 11% à exercer cette mission en appartenant à la catégorie B (contre 89% des postes occupés par les hommes). L’étude pointe, par ailleurs, un hiatus du même ordre parmi les agents ayant bénéficié d’une formation en 2023 (29% de femmes contre 71% d’hommes).

A noter, cependant, que Régions de France considère que certains résultats de l’étude traduisent des « points en progression ». Ainsi, même si les postes de direction des collectivités régionales sont encore majoritairement détenus par des hommes (62%), les femmes accèdent davantage à ces emplois que lors des mandatures précédentes (38%), tandis que parmi les directeurs généraux adjoints l’écart est un peu plus resserré (41% pour les femmes contre 59% pour les hommes). Ainsi, les administrations régionales peuvent se prévaloir d’un taux de féminisation des postes de direction supérieur à celui des départements (33%) et des métropoles (30%). 

Des écarts importants en haut de la pyramide salariale

Régions de France observe, par ailleurs, que les inégalités salariales sont particulièrement creusées au sein des directions des conseils régionaux. En effet, seulement 37% des femmes figurent dans le « top 10 »  des plus hautes rémunérations. En revanche, l’association se félicite des progrès accomplis en matière de diminution des distorsions de salaire entre les femmes et les hommes au niveau de l’ensemble des effectifs. « Les efforts régionaux en faveur de l’égalité salariale se traduisent par une réduction plus rapide des écarts entre hommes et femmes, souvent inférieurs à 5% », affirme Régions de France en rappelant que « les écarts restent plus marqués dans le secteur privé ».

Atteindre  « l’égalité réelle » 

Face à cette situation, Régions de France s’est dotée d’une feuille de route pour aller plus loin dans la lutte contre les inégalités professionnelles, affichant sa volonté d’atteindre « l’égalité réelle »  entre les femmes et les hommes. Des objectifs déclinés par de nombreux élus et experts dans les différentes tables rondes organisées en marge de la présentation de l’étude. Ainsi, la présidente de la région Occitanie et de Régions de France Carole Delga affirmait qu’« œuvrer en faveur de l’égalité réelle, c’est œuvrer en faveur du développement des compétences, de la valorisation des talents et des potentiels et de ce fait, de l’enrichissement du capital humain»  . De son côté, Sandrine Derville, vice-présidente de la Région Nouvelle-Aquitaine et représentante des Régions au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) estimait que « pour les Régions, l’égalité entre les femmes et les hommes est une richesse et un atout pour nos organisations, un impératif démocratique et un levier puissant pour le développement de nos territoires ». Un avis partagé par Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, qui soulignait  le fait que « les régions ont le pouvoir d’accélérer et d’amplifier cette dynamique et de garantir qu’elle existe dans tous les territoires de notre pays».

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